NAUFRAGE DU LANCASTRIA
Le naufrage du Lancastria, le 17 juin 1940 (*)
Chacun d'entre nous est passé à proximité de la bouée «Lancastria». Tout le monde sait qu'en dessous, il y a une épave et qu'un drame s'est joué là, en 1940. Voici quelques informations qui répondront à vos questions.
Le RMS Lancastria est un paquebot transatlantique britannique qui fut lancé en le 31 mai 1920 et mis en service en 1922. L'équipage était composé de 320 personnes. Ce paquebot avait une longueur de 168 m pour 21, 25 de large. Sa vitesse de croisière était de 17 nœuds. Il pouvait accueillir, avant guerre, 2151 passagers.
Au début de sa carrière, le paquebot assure la liaison, Londres -New-York. Il transporte des vacanciers comme des immigrants qui souhaitent une nouvelle vie. Par la suite, il est transformé en paquebot de luxe pour croisières en Méditerranée et dans les fjords norvégiens.
A la déclaration de guerre, il est réquisitionné pour le transport de troupes.
Le 12 juin 1940, le front militaire allié est enfoncé par les troupes allemandes. L'avancée allemande est fulgurante et se rapprochent de la côte atlantique. A partir du 15 juin 1940, près de 40.000 soldats britanniques ont reflué vers le port de Saint-Nazaire pour tenter de s'échapper vers la Grande-Bretagne. Ils sont une partie des 136.000 officiers et soldats rapatriés depuis les ports français. L'évacuation du port de Dunkerque vient d'avoir lieu deux semaines auparavant.
Dans la nuit du 14 juin 1940, le Lancastria quitte le port de Liverpool pour une destination tenue secrète de l'équipage. Il fait escale à Plymouth, le 15 juin puis se dirige vers Brest, la baie de Quiberon et, enfin, l'embouchure de la Loire. Le 17 juin 1940, le Lancastria participe à l'opération d'évacuation «Ariel».
Le drame
Près de 80 bâtiments de commerce sont réquisitionnés et attendent en rade de Saint-Nazaire. Vers 6h du matin, le Lancastria jette l'ancre à 4 km des côtes. En mouillant à bonne distance diu port de Saint-Nazaire, il réduit les risques d'être la cible des avions allemands et des sous-marins. La capacité normale du paquebot est de 3000 personnes et les bateaux de sauvetage et gilets sont seulement prévus pour 2200 passagers. Deux officiers de la Marine Royale montent à bord et donnent l'instruction au Capitaine Sharp, d'embarquer autant de passagers que possible «sans tenir compte des limites». Dans la précipitation, c'est près de 9000 soldats qui monteront à bord d'après les notes des officiers britanniques. Les premiers bateaux arrivent bord à bord avec le Lancastria dès 7h. En fin d'opération de «récupération», les soldats britanniques et autres réfugiés sont tassés au point de ne plus pouvoir se déplacer sur le pont du navire.
Comme il est le plus gros de la flotte, le Lancastria représente une cible idéale pour la Luftwaffe ennemie.
Alors qu'il s'apprête à quitter l'estuaire de la Loire, il est attaqué par une flotte de bombardiers allemands Junkers 88, peu avant 16 h. L'un des avions vole au ras de l'eau et se dirige vers la poupe du Lancastria. Il largue quatre bombes de 500 kg qui, toutes, percutent et endommagent les flancs du navire. La première bombe éclate dans la cale n° 2 au milieu de 800 hommes. La deuxième transperce la cale n° 3 libérant 500 tonnes de fioul qui se répandent autour du navire. La troisième bombe semble tomber dans l'unique cheminée du paquebot et explose dans la chambre des machines. La dernière éventre la cale n° 4.
Et ce n'est pas tout. Une nouvelle vague de bombardiers Henkel amorce une seconde attaque avec des bombes incendiaires pour enflammer le fioul.
Le Lancastria s'incline brusquement. Les bateaux de survie et les gilets sont pris d'assaut. Le paquebot coule en 24 minutes.
Le navire pilote «La Lambarde» et le destroyer «Highlander» ainsi que des chalutiers, des navires de servitude portuaires, une vedette de la SNSM, des destroyers britanniques se portent au secours des naufragés qui sont couverts de brûlures et de fioul au milieu des cadavres flottants. Les rescapés sont débarqués à Saint-Nazaire puis acheminés vers l'hôpital ou des écoles afin d'être soignés et nettoyés de leurs gangues de pétrole. De nombreux habitants de Saint-Nazaire vont apporter leur aide au secours, médecins et infirmiers qui sont débordés.
Le bilan désastreux
Le naufrage du Lancastria a fait, probablement, plus de 4000 victimes ( 6000 victimes est la fourchette haute), en grande majorité des soldats britanniques. C'est quasiment autant que le total des victimes des naufrages du «Titanic» (1500), du «Lusitania» (1400) et du «RMS Laconia» (1600) réunis. Ce naufrage est le plus grand désastre maritime.
Pendant des semaines, des cadavres d'identité inconnue, seront récupérés sur les plages du Pays de Retz et seront enterrés dans des fosses communes dans les cimetières de ces communes.
Tragédie confidentielle.
Le nombre exact de ceux qui se sont trouvés à bord du Lancastria est inconnu. Les documents de bord sont sous secret défense pour 100 ans, c'est à dire jusqu'en 2040. Winston Churchil a délibérément placé ce naufrage sous le secret pour ne pas démoraliser les troupes et la population.
Postérité
Désormais, une bouée au large de l'estuaire de la Loire, signale l'emplacement de l'épave. Celle-ci est considérée depuis 2006 comme cimetière marin, avec une zone de protection et d'exclusion de 200 mètres autour de la zone de naufrage. L'épave se trouve à une profondeur de 26 mètres et culmine à 12 mètres sous la surface. Une grande partie de l'épave est encore intacte.
Le 17 juin de chaque année, à l'initiative de l'association écossaise «The HMT Lancastria Association» une délégation de survivants et de membres des familles de victimes, vient s'y recueillir à bord de navires et dépose des gerbes de fleurs sur l'eau.
(*) Article rédigé par Pascal Serviget
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