Naufrage du CARL-BECH
Sous nos quilles....(*)
Quand nous sommes sur la mer, vous, moi, sommes dans l'instant présent, attentifs au ciel, à la houle, à nos instruments de navigation et notamment au sondeur. Les fonds marins, qu'ils soient sablonneux ou non, nous sont souvent invisibles et pourtant, ils restent marqués par des drames humains que le temps, doucement, nous fait oublier.
En navigant des Sables d'Olonne à la pointe bretonne, souvent nos bateaux passent au-dessus de vestiges de catastrophes maritimes.
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Aujourd'hui, je vais vous rappeler le naufrage du CARL-BECH,
C'est un trois mâts carrés battant pavillon norvégien, construit en 1876 à Liverpool. Il mesure 68 mètres pour 11 mètres de large et jauge 1273 tonneaux.
Nous sommes le 10 septembre 1911, dans le port de Lobos de Aftuera au Pérou. Le Carl-Bech quitte son mouillage avec une cargaison de 1900 tonnes de guano ( fertilisant à base d'excréments d'oiseaux marins ). Son plan de navigation prévoit de longer les côtes chiliennes puis passer le Cap Horn et remonter vers les côtes bretonnes pour atteindre Nantes dans 12 semaines.
A l'approche des côtes européennes, les conditions de navigation sont difficiles. La tempête fait rage. Le Carl-Bech est contraint de réduire la toile et de « mettre en fuite » ( se mettre au portant).
Dès lors, une série de malheurs s'abat sur le voilier : les baleinières sont emportées, le gouvernail se bloque car des filins de manoeuvre ( filins pour raidir la voile) s'y sont enroulés.
Une longue dérive commence... et le Carl-Bech finit par talonner sur les hauts fonds de Birvideaux, plateau rocheux entre Groix , Belle-Île et Quiberon. ( le phare n'y était pas encore construit). Le Carl-Bech y perd son gouvernail mais, plus dangereux encore, l'énorme houle d'ouest l'entraîne vers la pointe de Quiberon.
Arrivé par miracle devant Port-Maria, chacun pense qu'il va pouvoir y entrer ou, au pire , s'échouer sur la plage. C'est pourquoi toute la population de Quiberon est rassemblée le long de la côte..
Les sauveteurs du « Georges et Marie Copin 2 » veulent tenter une sortie mais le Président de la SNSM refuse de donner....les clés du local. Il ne veut pas ajouter des victimes au drame qui est en train de se jouer, ce midi du 21 décembre 1911.
Les Quiberonnais assistent, impuissants à l'agonie du Carl-Bech. Les marins norvégiens se sont réfugiés dans les haubans pour échapper aux déferlantes qui balayent le pont. Ils font des grands signes d'appel et de désespoir, crient sûrement mais personne ne les entend du fait du vacarme de la tempête. Le trois mâts drive vers la pointe mauvaise Beg-er-Vil. Le plateau du Four est sa dernière destination. Il s'y présente par le travers. Soulevé par des vagues gigantesques, il retombe et se casse en deux parties puis sombre, engloutissant avec lui les 16 hommes d'équipage.
Carte postale d'époque relatant le naufrage
La mer rendra les corps dans les semaines qui suivront. Sept d'entre eux sont inhumés au cimetière de Quiberon à côté de l'ancien reliquaire où une plaque fut apposée en leur mémoire.
La cloche du Carl Bech découverte en 1998
(*) Article rédigé par Pascal Serviget
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